Décoder dès qu'on est né.
A la lecture de Univers Littéraire (décidément) j'en suis venu à poser cette question:
Je souhaiterais ardemment avoir vos avis sur ce point car c'est un cas de conscience réel.
La littérature étrangère est une littérature traduite par des traducteurs professionnels. Dès lors ce que l'on apprécie dans un roman étranger est-ce vraiment la qualité de rédaction de l'auteur lui même ou alors la qualité d'adaptation au plus près du traducteur?
Je penche bien sûr pour la 'thèse du traducteur' qui DOIT faire des
arrangements pour coller le mieux possible à l'auteur originel MAIS
cela me parait impossible aussi doué soit le traducteur.
En
effet les écrits d'un très bon auteur comportent de nombreuses
caractéristiques: rythme, des assonances et allitérations, des jeux de
mots, des références, des juxtaposition, des sous-entendus, des
formulation historiques, des humeurs, des intuitions etc... en
gros du non-dit, du subtil, du sous-jacent, chaque partie formant un
tout. Bref est-il impossible d'apprécier de la littérature étrangère à
sa juste valeur dans la mesure où le traducteur ne peut pas prendre en
compte l'intuition de l'auteur, son ressenti, son vécu; il en
appauvrit forcement le texte originel qui exalte le caractére propre
de son auteur.
Dès lors...plutôt que de lire une littérature "appauvrie" ne devrait t'on pas se concentrer sur la littérature francophone voire sur la littérature dont on maîtrise assez la langue pour la lire dans le texte et donc en apprécier l'essence sans intermédiaire?
Une bonne traduction requiert parfois des années de travail sur UN
auteur en particulier et certains traducteurs se font une spécialité de
traduire UN auteur unique dont il savent la biographie, l'humeur mais
je reste sceptique... Si tous les traducteurs étaient si bons ne
feraient-ils pas mieux d'écrire leur propre romans?
Quels sont vos avis à la dessus?
Je perçois cependant alors que je rédige ces lignes quelques onces de réponse:
-
en quoi est-ce génant de lire une interprétation de traducteur si elle
est jugé convaincante en amont par des spécialistes? (ça reste une
intermédiation pour qui peut lire le livre dans sa langue originale)
-
un traducteur ne peut-il pas au contraire surpasser le maître et
redonner un sens saché a certains points de vues de l'auteur? (j'en
doute, il ne faut jamais sur-traduire ce qui est une règle de base non?)
-
un gros soucis concerne en particulier un style: un poème est un chef
d'oeuvre. Imaginons un monde ou il faille repeindre un tableau pour
pouvoir le montrer dans un autre pays... cette repeinture reste une
copie, aussi fidèle soit-elle, qui ne peut pas retranscrire à 100%
(voire à 110%) les intentions du peintre premier...il en va de même
pour un poème... Shakespeare peut-il être lu en Français comme on
contemplerait un tableau de Turner refait par Delacroix?
:-)